La Permaentreprise : être utile et viable, sans détruire le vivant
#20 🌿 ITW de Thomas Breuzard - Directeur Permaentreprise chez Norsys & co-Président B Lab France (B Corp)
Hello c’est Baptiste ! 👋
Ce matin, pour cette 20ème édition, je vous propose de prendre votre petit-dej ou les transports avec Thomas Breuzard et moi. ☕🥐 (un petit-déj à 3 632 convives !)
Je suis trop content d’inviter un papa sur Papapillon, c’est une première ! Et surtout, un papa qui s’attèle à changer le monde de l’entreprise en profondeur pour le futur de nos enfants, grâce au concept de “permaentreprise”.
Non, une permaentreprise, ce n’est pas une entreprise qui cultive un potager en permaculture, mais le concept tire bien son nom de cette technique.
Thomas a apporté le concept de permaentreprise au sein de norsys, entreprise familiale créée en 1994 en qui compte aujourd'hui près de 700 collaborateurs. Thomas veut prouver que des entreprises peuvent avoir pour finalité le bien commun tout en étant performante économiquement, afin d'entraîner dans leur sillage l'ensemble du monde économique, avec la permaentreprise et la certification B Corp.
Je vous propose de découvrir le concept de permaentreprise avec Thomas 👇
🤩 Ce que vous allez découvrir aujourd’hui :
🌍 Comment être utile aux humains sans détruire la planète ?
✨ Les 1ères étapes pour faire évoluer une entreprise
💪 Comment savoir si ton entreprise a un réel impact positif ?
🔮 Les souhaits de Thomas pour 2050
⏳ Temps de lecture : 4 minutes
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🌍 Comment être utile aux humains sans détruire la planète ?
Chaque jour, des entreprises voient le jour pour "satisfaire des besoins" (ou même en créer de nouveaux, pour certaines d'entre elles). Certaines connaissent une telle croissance qu'elles acquièrent une notoriété mondiale, atteignant parfois un poids économique comparable à celui de certains pays. 🌐💡 Mais à quel prix ? Est-ce ça “la réussite” ? Réussir à être et avoir toujours plus au détriment de l’égalité des personnes et de la santé du vivant ?
Il est l’heure pour le monde économique d’évoluer comme le souligne Thomas : “l'entreprise peut être contributrice de l'intérêt général et le faire avec ses qualités, ses forces, ses recherches d'efficacité. Je veux montrer à quel point ça peut être viable économiquement pour contribuer, à travers ça, à une bascule du monde économique. Tant qu’il n’y aura pas une bascule du monde de l’entreprise, il n’y aura pas de bascule plus systémique (des autres organisations).”
C’est seulement grâce à un travail collectif, à une évolution globale de la société que nos enfants pourront vivre sereinement tout au long de leur vie.
Pour réellement y arriver, il existe le modèle “perma” qui propose toute une méthodologie pour faire évoluer les organisations vers un modèle viable.
👉 Qu’est-ce qu’une permaentreprise ?
Bon, j’ai demandé à Thomas de me l’expliquer comme s’il l’expliquait à sa fille de 2 ans… mais on est plutôt partis sur un enfant de 10 ans. 😂
👶 Définition pour un enfant : Comment être utile aux humains sans détruire la planète ?
🙂 Définition pour un grand enfant : C’est un modèle de développement d’entreprise qui apporte plein d’outils pour répondre à la question “Comment être utile à la société, sans détruire le vivant ?” et qui aide les entreprises à évoluer dans la bonne direction.
💡 A noter que la notion d’utilité est propre à chacun. Est-ce utile à la société que l’on ait tous un SUV électrique pour parcourir les routes ? A moins que l’on efface tous les trottoirs et accès piétons ou que l’on n’entretienne plus les rues des villes au point qu’elles soient impraticables… non ! 😉
👉 3 principes de l’entreprise vertueuse
Comme me l’a expliqué Thomas, le modèle de la permaentreprise, comme celui de la permaculture “est basé sur une philosophie, une idéologie qui est qu'on doit constamment respecter trois éthiques qui sont inséparables” :
Prendre soin des humains
Préserver la planète
Partager les richesses et fixer des limites
👉 Pourquoi se fixer des limites et partager ?
“Fixer des limites et partager la richesse, c'est tout ce que les entreprises n'ont pas fait globalement depuis des décennies.”
Comme me l’a expliqué Thomas, cette course au profit personnel a engendré :
Des injustices
Des inégalités sociales
Une destruction du vivant démultipliée
“Fixer des limites pour ne pas détruire le vivant, pour ne pas détruire la planète en faisant des choix de conception, en faisant des choix de modèles économiques, en faisant des choix de cibles sectorielles en termes de marché, de distribution qui sont favorables à ça.”
🙂 Exemple : “Quand Go*gle fait un siège social où il y a des logements, des congés illimités etc. Tu regardes à la fin de l'année quelle est l'entreprise aux Etats-Unis où les gens prennent le moins de congés, c'est Go*gle. Donc ça montre bien que c'est pas fait pour les bonnes raisons.” → C’est fait pour améliorer la productivité et générer plus de profits.
En résumé, la quête de profits toujours plus grands est incompatible avec le respect de l’humain et du vivant. Ceux qui voudront toujours plus, sans limite, le feront toujours au détriment d’êtres vivants (c’est comme tirer la dernière feuille du rouleau 🧻… ça impacte forcément les autres). Lorsqu’une entreprise veut évoluer “pour la société”, il faut qu’elle le fasse pour des bonnes raisons, pas pour le profit.
✨ Les 1ères étapes pour faire évoluer une organisation
👉 Pas besoin d’être forcément une entreprise
Cette philosophie “permacole”, elle s’applique en réalité à toute sorte d’organisation ! Entreprises, associations, communautés de commune… Il y a énormément d’organisations autres que des entreprises qui œuvrent pour l’intérêt général. Sauf que pour réussir à agir en cohérence avec la mission qu’elles se sont fixées, il faut qu’elles soient autonomes financièrement. Pourquoi ? Pour éviter de dépendre des fonds d’un mécène qui pourrait avoir une influence négative sur ses décisions. Imaginez l’entreprise la plus émettrice de plastique au monde, sponsor d’un sommet pour le climat… les décisions pourraient être influencées. Mais attendez… ça c’est vraiment passé ! 😆
👉 Partez de l’existant
Faire un état des lieux
Votre entreprise fait déjà de bonnes et de mauvaises choses et c’est important d’analyser l’existant pour faire un état des lieux. Pour cela, on utilise la méthode IGIKAI. A la base, c’est un outil de développement personnel, mais ça fonctionne aussi hyper bien pour une organisation.
“Il faut partir de l'existant, se dire :
que fait-on aujourd’hui ?
pour quelle finalité ?
pour quelle utilité pour le monde ?
comment on le fait ?
Et là, on sera plus à même de répondre à [en quoi sommes-nous destructeur ou on protecteur de la vie et du vivant ?] “
Une fois que vous avez réuni tout un collectif motivé à agir, vous pouvez réfléchir à pourquoi voulez agir, qu’est-ce qui vous anime, vous pousse à vous lever chaque matin (le réveil qui sonne à 7h est une mauvaise réponse ! ⏰)
Définir une raison d’être
Grâce aux réponses à ces questions, on va pouvoir travailler sur le “pourquoi on le fait” et définir une raison d’être, la raison pour laquelle cette entreprise existe.
Pour Pimpant, par exemple, c’est :
Aider chacun à devenir un acteur du changement pour dessiner l’avenir enthousiasmant de nos enfants.
Et plus précisément :
😁 Etre écoptimiste, i.e. être lucide sur l’état du monde et croire qu’on peut agir pour un avenir meilleur
💡 Agir selon ses moyens, avec toutes ses imperfections et accepter celles des autres
👨🎓 Apprendre, tâtonner, se tromper et expérimenter
👩👩👦👦 Faire partie d’un collectif et avoir envie de le faire grandir
Lors de notre échange, Thomas a d’ailleurs ajouté un détail qui fait toute son importance : il faut choisir les bons mots pour qu’ils résonnent avec les 3 principes fondamentaux de la perma-entreprise.
“Des raisons d'être, j'en ai vu de toute nature. Et d'ailleurs c'est intéressant car, quand tu regardes, il y a plein d'exemples qui te permettent de lire la réelle intention derrière une raison d'être. J'ai vu une raison d'être, c'est être la “major de l'énergie responsable”. S’il y a le mot major dans une raison d'être, c'est que cette raison d'être, elle a une finité, c'est de rester très prédateur pour “bouffer le marché”.”
💪 Comment savoir si ton entreprise a un réel impact positif ?
Une fois que l’on a défini ce que l’on fait, pourquoi, comment, avec qui… comment sait-on que l’on agit bien au quotidien ? Comment agir concrètement ?
“A la fin de ce méthodologie “perma”, tu arrives avec quelque chose qui est très singulier, qui t'est propre mais qui, peut-être, omettra d'intégrer dans les dimensions de responsabilité et d'engagement, des dimensions qui sont fondamentales et qui sont transverses à toutes les organisations. Pour une simple et bonne raison, c'est que dans ta stratégie d'entreprise ou d'organisation, tu ne peux pas tout mettre, il faut faire des choix. Et c’est là que B Corp est intéressant”.
👉 C’est quoi “B Corp” ?
B Corp, c’est une association engagée dans la promotion de l’entreprise comme outil de changement positif pour la société. Elle fournit une base d’outils pour les entreprises et délivre une certification exigeante.
“B Corp vient a posteriori vérifier que tu as réellement des impacts sociaux environnementaux positifs sur des sujets qui sont fondamentaux comme la réduction des écarts de salaire, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, voire des stratégies régénératives, des choses comme ça, des troncs communs d'une entreprise responsable mais que tu ne vas pas forcément toi mettre naturellement dans ton propre référentiel.”
B Corp, c’est finalement complémentaire à la méthodologie de la permaentreprise.
👉 En résumé :
La perma-entreprise crée une vision interne solide alignée sur 3 principes éthiques : respect de l’humain, de la planète, le partage des richesses et la fixation de limites.
On ne peut pas lier course infinie au profit et respect des êtres vivants.
B Corp est complémentaire au concept de “perma-entreprise” pour mesurer l’impact réel de nos actions
Pour créer une bascule, il faut agir collectivement, quelle que soit l’organisation.
🔮 Les souhaits de Thomas pour 2050
J’ai posé cette question à Thomas pour conclure notre échange. Je la pose souvent et c’est vrai que ce n’est pas si simple d’y trouver une réponse.
Pour Thomas, “on aura réussi collectivement si : “
“Les acteurs de l’intérêt général ont trouvé des modèles économiques qui les rendent plus autonomes sans avoir à répondre à des mécènes.”
“Les entreprises ont défini leur utilité fondamentale sans détruire le vivant avec une vérification et de la transparence (imposée) car aujourd’hui, la transparence est l’élément le plus manquant.”
“Le monde de l’entreprise et le secteur de l’intérêt général ont convergé vers des objectifs communs.”
Et j’aimerais rajouter une note pour la fin, que Thomas a précisé en tout début de call et qui a beaucoup résonné en moi puisque j’ai créé Pimpant pour la même raison : “Je suis jeune papa d’une petite fille de 2 ans qui m’occupe une bonne partie du temps, et j’y tiens. Ça m’apporte beaucoup de joie et de ressourcement dans ce rôle, ça m’aide à me recentrer, ça me donne énormément de force, d’énergie pour rester enthousiaste, pour faire des choses qui sont autour d’une seule et même cause.”
Merci Thomas pour le temps que tu m’as accordé ! 🙏
📋 C’est quoi la suite ?
Pour faire le lien avec la dernière phrase de Thomas, la semaine prochaine, nous parlerons qualité de vie. J’ai pendant longtemps parlé aux équipes d’équilibre de vie pro/perso, mais je pense qu’il est temps de voir cet équilibre comme un ensemble.
Si ce contenu vous plaît, n’hésitez pas à mettre un petit ❤️ juste en haut de cet article ! Ça nous aide à faire connaître notre culture du travail auprès d’autres entreprises qui pourraient l’adopter. MERCIII !